Parkinson : attention aux médicaments !
Risques de dépendance au sexe et aux jeux d'argent

Pour atténuer les symptômes de la maladie de Parkinson, les patients prennent souvent des traitements appelés agonistes dopaminergiques. Leur efficacité, au début, est impressionnante, mais il faut augmenter progressivement les doses pour la maintenir et des effets secondaires très ennuyeux peuvent apparaître. Les malades deviennent addicts aux jeux d’argent ou au sexe, au point de quelquefois tout perdre : leur situation, leur famille… Vous pouvez retrouver le témoignage de certains d’entre eux dans l’émission Les Pieds sur terre du 4 octobre 2024, sur France Culture (on peut la réécouter en podcast). Les hommes concernés y racontent comment, honteux, ils ont caché leurs addictions à leur entourage et à leur médecin, bien persuadés qu’ils ne pouvaient les attribuer qu’à eux-mêmes. Or, il a suffi qu’ils arrêtent leur traitement pour que ces troubles disparaissent. On sait maintenant que ces effets secondaires sont fréquents. Notre confrère FranceInfo cite une étude menée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et publiée en 2018 dans la revue scientifique Neurology qui indique « qu’un patient sur deux traités par agonistes dopaminergiques développe des troubles du contrôle des impulsions dans les cinq ans ». Stéphane Grange, un malade qui a perdu beaucoup d’argent et dont la vie a explosé suite aux addictions développées au fil des traitements (avec le médicament Requip), a décidé de porter plainte contre le laboratoire GSK qui commercialise l’agoniste dopaminergique depuis 1997 et qui a mis bien longtemps à informer sur ses effets secondaires graves. L’audience aura lieu en novembre prochain. La notice du médicament indique bien les risques, mais sans en spécifier la fréquence. Pourtant, les chiffres existent et sont suffisamment alarmants (une personne sur deux est touchée) pour être inscrits en gros et en gras sur les boîtes de médicaments. Le laboratoire a proposé 50 000 € à Stéphane Grange contre l’arrêt des poursuites et son silence, mais le malade, bien qu’endetté, préfère que la vérité soit dite et que tout le monde soit informé. Un patient avait déjà attaqué GSK en 2010 (et l’avocat du malade avait alors brandi un document interne au laboratoire datant de 2003 qui indiquait les potentiels effets indésirables de Requip). En appel, GSK a été condamné à payer 200 000 € au patient en 2012. Le laboratoire ne peut pas nier connaître depuis longtemps les effets du médicament sur la sexualité puisque la molécule est « à l’étude » depuis 2006 pour devenir un nouveau Viagra. Malgré tout, des dizaines de milliers de patients ne sont toujours pas informés des risques encourus avec les traitements.