Androcur et tumeurs au cerveau
Des médecins avaient signalé les effets secondaires dès 2004

Comment se fait-il que les Autorités aient attendu tant d’années pour s’inquiéter des effets secondaires graves d’un médicament prescrit largement, d’abord en cas de pilosité excessive, puis dans d’autres indications : pilule contraceptive, traitement anti-acné, en cas d’endométriose ou encore pour bloquer les hormones masculines de personnes transgenres ? Les premiers signalements de médecins datent de 1998 et le risque de méningiome (tumeur des méninges – le plus souvent bénigne – qui appuie sur le cerveau et les nerfs) est identifié par le laboratoire Bayer en 2004. En 2007, le neurochirurgien Sébastien Froelich, qui avait fait le lien entre l’apparition de méningiomes et la prise d’Androcur, avait appelé à la vigilance lors d’un congrès européen d’endocrinologie. Le laboratoire Bayer avait finalement alerté l’Afssaps (agence du médicament) pour demander l’ajout de ce risque sur la notice. L’agence n’a pris en compte cette demande qu’en 2011, soit 4 ans après. Et il a fallu attendre 2018 pour que le lien entre la prise d’Androcur et l’apparition de méningiomes (après une étude sur 250 000 femmes menée par la caisse d’Assurance Maladie et l’agence du médicament) soit officiellement confirmé. Entre 2009 et 2018, 2578 femmes ont été opérées d’un méningiome dont l’origine est attribuée à un traitement hormonal. Aujourd’hui, une association de malades concernés par ces effets secondaires, Amavea, a porté plainte contre X devant le tribunal judiciaire de Paris pour « administration de substance nuisible, atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, mise en danger de la vie d’autrui, non-signalement d’effet indésirable et tromperie aggravée« .