Violences sexuelles faites aux enfants : un nécessaire combat collectif

Des milliers d’enfants sont violés chaque année en France. C’est une réalité qui effraie, qui indigne de temps à autre sur les réseaux sociaux. Malgré cela, les violences sexuelles faites aux enfants restent très taboues : on ne veut pas savoir, ni même imaginer. Il est temps de faire de cette lutte un combat collectif, politique et social.
Un enfant est victime d’inceste, de viol ou d’agression sexuelle toutes les 3 minutes en France. Si les chiffres font peur, la situation également. Depuis la crise sanitaire et avec le boom du numérique, les manières d’atteindre l’intégrité des enfants se sont multipliées, au sein des familles et dans le monde extérieur. « Une agression sexuelle est un contact sexuel imposé avec contrainte, menace, violence ou surprise. Lorsqu’il y a pénétration, on appelle cela un viol« , définit Joanna Smith, psychologue et autrice de Protéger son enfant des violences sexuelles (éditions Dunod). Elle réfute le terme « d’abus » sexuel, traduction littérale de l’expression sexual abuse en anglais. « Le mot abus impliquerait qu’il y aurait un usage « normal » de la sexualité chez l’enfant. Or, non, il n’y en a aucun, de quelque manière que ce soit.«
Une priorité nationale ?
Malheureusement, il n’est pas évident aujourd’hui d’aborder les violences sexuelles faites aux enfants. D’abord parce qu’il y a un gros tabou et parce qu’il y a un immense déni. On évoque souvent ces violences sans en parler vraiment, en les minimisant, en évitant d’en parler très concrètement aux enfants ou encore en choisissant un vocabulaire inadapté et malvenu comme les « caresses », par exemple. Les politiques eux-mêmes ont du mal à mettre le sujet sur la table, même si le plan gouvernemental annoncé en 2023 par Élisabeth Borne, alors Première Ministre, et courant jusqu’en 2027, prévoit de déployer des moyens humains et financiers conséquents : recruter des agents pour recueillir les témoignages sur le numéro national 119, créer un office chargé des violences faites aux mineurs (OFMIN) avec de nouveaux policiers et gendarmes, former les professionnels qui travaillent auprès d’enfants, développer des programmes d’éducation à la vie sexuelle à l’école, sensibiliser grâce à une campagne de communication annuelle sur les violences, déployer des unités d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger (UAPED) ou encore généraliser le dispositif « santé protégée » (qui garantit un parcours de soin pour les enfants et les adolescents concernés par une mesure de protection de l’enfance). Cela suffit-il ? Non, selon les spécialistes du sujet.
Sur les réseaux sociaux, des victimes parlent et des familles s’indignent en apprenant que des enfants mettent fin à leurs jours après avoir subi des violences sexuelles en famille depuis des années. Comment a-t-on pu laisser faire cela ? Comment n’a-t-on pas été en mesure d’empêcher de telles catastrophes ? L’impact de ce type d’agression sur la vie de l’enfant, puis de l’adulte qu’il deviendra, est énorme : « Les conséquences sur la santé de l’enfant sont extrêmement graves« , explique Hélène Roche, de l’association Protéger l’enfant. « Les enfants peuvent développer des maladies dues au stress continu, avoir des symptômes psychologiques voire psychiatriques. Ils peuvent aussi devenir violents à leur tour, dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. On dit que ces enfants peuvent perdre jusqu’à 20 ans d’espérance de vie. » Les études montrent en effet que cela augmente le risque de cancer, d’obésité, de troubles anxieux, de troubles dépressifs, de troubles du comportement alimentaire, de difficultés sociales, relationnelles ou encore sexuelles… On retrouve notamment ces répercussions dans le rapport de la Ciivise. « On sait tous que c’est grave, mais on ne mesure pas à quel point cela impacte toutes les sphères de la vie de l’enfant« , confirme Hélène Roche. Un enfant brisé sera un adulte qui ne va pas bien.
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