Les pétales de la rébellion

Et si les fleurs livraient des messages politiques ? C’est certainement ce que pensait Rosa Luxemburg, célèbre révolutionnaire, théoricienne marxiste, figure majeure du socialisme et du communisme au début du XXe siècle. Née en Pologne dans une famille juive, elle a grandi en Allemagne, fait des études brillantes et s’est très rapidement engagée politiquement. Elle a été emprisonnée pendant toute la Première Guerre Mondiale, puis a été assassinée à Berlin en 1919. Outre la politique, elle avait une autre passion : la botanique. En tournant les pages de cet ouvrage, on découvre l’herbier réalisé lors de son emprisonnement, ainsi que ses échanges épistolaires. S’y trouvent des plantes qu’elle a glanées elle-même dans la prison et ses alentours lors de promenades surveillées, mais aussi des spécimens que lui ont envoyés d’autres militantes socialistes et les épouses de figures importantes du parti social-démocrate allemand. On soupçonne qu’elle ait mis au point un langage secret permettant, grâce au nom des plantes qu’elle notait consciencieusement, de transmettre clandestinement des informations au-delà des barreaux de la prison. Encore aujourd’hui, le mystère reste entier, mais la délicatesse des fleurs séchées témoigne de la vision du monde de Rosa Luxemburg, résumée par une citation dans l’ouvrage : « Là où tombent les larmes, poussent les fleurs.«
Herbier de prison
Muriel Pic pour Rosa Luxemburg, éditions Héros-Limite
360 p., 14,7 x 21 cm
36 €